Depuis sa création, le CE3P forme des professionnels de la photographie. Workshops, rencontres avec des professionnels, exercices de mise en pratique, partenariats… sont autant d’événements mis en place chaque année par l’école pour permettre aux élèves et étudiants de faire un premier pas dans le monde de l’image. Mais si ces mises en situation représentent un avantage considérable, elles ne permettent pas une intégration aussi importante que les stages !
Pourquoi accueillir des stagiaires ? Quel est l’intérêt des stages pour les étudiants comme pour les professionnels ? Trois structures du monde de la photographie ayant coutume de recevoir des stagiaires du CE3P ont répondu à nos questions.
« Accueillir des stagiaires et recruter » : le témoignage de Xavier Dragon
Le Studio des Plantes est un studio de création photographique à destination publicitaire. On y fait un peu de tout, du culinaire au portrait, en passant par le packshot, pour des guides promotionnels, des catalogues, des campagnes de pub. Assistant, régisseur, photographe… mon métier me permet de toucher à tous les domaines de la photographie.
Accueillir des stagiaires est particulièrement important pour moi car c’est suite à un stage que j’ai été embauché au Studio des Plantes, d’abord à la régie, puis pour remplacer un des photographes. Le stage permet de mettre un premier pied dans le monde professionnel et d’établir des connexions, ce qui est crucial à la fois pour l’étudiant et pour le studio. Lorsque nous accueillons des stagiaires, nous sommes à la recherche de la perle rare, de celui que nous allons embaucher ou qui sera amené à travailler avec nous dans le futur.
Pour l’étudiant, les semaines de stage sont une occasion d’observer, de poser des questions, d’échanger et, par-dessus tout, de mettre en œuvre ce qu’il ne croit pas nécessaire d’apprendre en cours. Le stage permet notamment de se rendre compte que la photographie, ce n’est pas juste un clic sur un bouton, mais qu’il y a des journées entières destinées à la préparation et au rangement, pendant lesquelles on ne prend aucune photo. Pour nous, le stage sert à trouver les étudiants intéressés et motivés, aux profils divers et variés. C’est la raison pour laquelle depuis 2003, le Studio des Plantes établit un historique des anciens stagiaires dans lequel il nous arrive de puiser lorsque nous avons besoin de main d’œuvre ! Ainsi, sur les 109 stagiaires accueillis depuis 2003, j’en ai fait travailler 26 et certains sont même devenus des amis et collaborateurs réguliers, comme Étienne Jeanneret.
Le stage, c’est le début de la vie active ! C’est un accord gagnant-gagnant entre les stagiaires et les entreprises, en offrant une ouverture vers le monde professionnel et la possibilité d’élargir son carnet d’adresses !
« Accueillir des stagiaires pour faire découvrir mon métier » : le témoignage d’Alain Paret
Je travaille chez Rouchon depuis bientôt 20 ans. Avec ses sept studios de prises de vues allant de 142 à 360 m2, le studio Rouchon est l’un des plus gros d’Île-de-France. Je suis régisseur général : je m’occupe entre autres de prendre les listes des clients et de commander le matériel et les consommables pour être sûr de tout avoir le jour du shooting.
Je suis également chargé du recrutement des stagiaires et dès mon arrivée j’ai tenu à remettre les stages au goût du jour. En plus d’être cruciaux pour les étudiants, les stages sont très importants pour nous, l’entreprise qui les accueille, car ils permettent de rencontrer des jeunes étudiants matures, débrouillards et motivés, qui peuvent nous aider lors des shootings et que nous pouvons embaucher par la suite. Grâce à ces stages, nous découvrons de nombreux profils de jeunes passionnés de photographie, majoritairement en fin de cursus, à qui nous pouvons proposer de travailler avec nous. Chaque année, 20 à 30 % des étudiants intègrent nos équipes à l’issue de leur stage !
Les stages représentent pour les étudiants une première approche des métiers de la photo. Chaque jour, les stagiaires travaillent sur des plateaux différents, ce qui leur permet de toucher à des domaines variés tels que la publicité, la nature morte, la photo e-commerce ou mode. C’est en entrant en immersion dans un secteur d’activité précis qu’ils découvrent réellement les enjeux des différents métiers. Certains par exemple se sont rendus compte qu’ils souhaitaient faire du reportage plutôt que du studio car ils préféraient son aspect moins programmé et plus aléatoire.
Chez Rouchon, nous accueillons en même temps plusieurs stagiaires aux parcours hétéroclites. Pour eux, cela permet de créer une osmose, de s’entraider et de faire des rencontres. Pour nous, c’est l’occasion de trouver les profils les plus intéressants. En fait, les stages sont un peu comme une période d’essai au cours de laquelle les étudiants rencontrent des gens et découvrent des métiers et des techniques qui s’ajoutent aux bases de création d’images apprises à l’école.
« Accueillir des stagiaires pour transmettre ma passion » : le témoignage de Thomas Consani
Je suis tireur argentique noir et blanc depuis 30 ans, en laboratoire de photographie. Mon métier consiste à réaliser des tirages pour des photographes, pour des livres ou des expositions. Plus qu’un métier, c’est une véritable passion que j’ai la chance de pouvoir exercer.
Je reçois des stagiaires depuis toujours car je souhaite transmettre à mon tour une passion qui m’a été communiquée par mon père. Selon moi, la photographie passe avant tout par l’humain : on peut être un bon technicien mais il faut comprendre pourquoi le photographe veut un tirage pour pouvoir le retranscrire parfaitement et l’interpréter. Le tirage, ce n’est pas seulement un métier d’artisan, c’est avant tout un échange. Recevoir des stagiaires s’inscrit dans cette volonté de développer une vision humaine de la photographie.
Pour les étudiants, ces stages sont une chance immense ! Ils y approfondissent la théorie apprise à l’école et l’aspect « ludique » du monde professionnel en travaillant en autonomie, confrontés au stress de la vie active. Les stagiaires apprennent à développer des photos qui ne sont pas les leurs et à s’adapter à la personnalité du client. Pour eux, je me place entre le professeur et le client qu’ils auront plus tard, à travers un échange à la fois technique et humain. Afin de leur montrer l’importance du dialogue, je demande aux stagiaires d’interpréter un de leurs propres négatifs que j’interprète de mon côté. Nous discutons ensuite autour de nos interprétations respectives, des différences et des similitudes.
Par le biais d’un échange constant, mon objectif est de donner envie aux stagiaires de faire de la photo et de progresser. Au CE3P, je ressens une proximité humaine entre élèves et enseignants, une ambiance familiale qui me plaît beaucoup, que l’on retrouve aux journées portes ouvertes. Je me souviens par exemple d’un ancien stagiaire qui est revenu vers moi dix ans après son stage pour me montrer ses photos prises au Japon. C’est à ce genre d’étudiants, à la fois passionnés et passionnants, que j’aime transmettre mon métier !
Soucieux de faciliter la tâche aux entreprises désirant recruter élèves ou étudiants, le CE3P a dédié une page de son site aux demandes de stagiaire. Les propositions ainsi réceptionnées sont traitées par la responsable pédagogique qui les étudient et les soumet aux élèves et aux professeurs en charge du suivi des stages de façon pertinente.