Enseignante au CE3P depuis près de trois ans, Gaëlle Magder fait partie des 200 lauréats de la prestigieuse Grande Commande Photographique – Photojournalistes, organisée par la BNF. Aujourd’hui, elle revient sur l’importance de poursuivre diverses activités personnelles et professionnelles en lien avec la photographie pour mieux transmettre sa passion.
Quel a été votre parcours en lien avec la photographie, avant d’enseigner au CE3P ?
Dès la fin de mes études, dans la section photographie de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, je me suis spécialisée dans le reportage. J’ai commencé comme photographe de presse indépendante, avant de créer la structure Atelier Diptik, dans le but de mettre mon travail au service d’entreprises et de faire face à la concurrence de plus en plus importante du milieu. En parallèle de mon activité professionnelle, j’ai toujours tenu à poursuivre une activité personnelle plus artistique, en faisant régulièrement des séries photographiques sur des sujets qui me tiennent à cœur. Parmi mes différents projets, j’ai par exemple réalisé une série sur Paris durant le premier confinement ou, plus récemment, mis en scène mes enfants dans une forêt urbaine pour créer un conte féérique.
Quel est votre rôle au CE3P ? Quelles matières enseignez-vous ?
Depuis 2008, je transmets ma passion pour la photographie en enseignant dans divers établissements. Je suis arrivée au CE3P il y a environ trois ans et j’y anime deux cours. Le premier est un cours de prise de vue, adressé aux premières de Bac Pro Photo. Grâce à un enseignement varié, allant de la photo studio au reportage, les élèves peuvent approfondir leurs connaissances techniques dans le but de préparer le bac, mais aussi construire un book photographique qui leur sera utile dans le monde professionnel. En parallèle, j’anime un workshop entièrement dédié au reportage dans la formation pour adultes « Construire un reportage photographique » du CE3P. Ce cours vise à accompagner des stagiaires, majoritairement en reconversion, pour les amener vers la branche du reportage qui les intéresse (artistique, corporate).
Aujourd’hui, que faites-vous en dehors du CE3P ?
À côté de mes cours au CE3P, je poursuis mon travail avec Atelier Diptik ainsi que mes projets personnels. Il y a peu, j’ai remporté la Grande Commande Photographique – Photojournalistes organisée par la BNF, une bourse attribuée à 200 photojournalistes pour réaliser un projet sur le thème Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire, et je suis très fière de voir mon nom aux côtés de grands photographes qui m’inspirent tels que Jane Evelyn Atwood, Françoise Huguier ou encore Harry Gruyaert ! J’ai choisi de faire un reportage sur l’école à la maison en suivant cinq familles ayant choisi ce mode d’enseignement pour leurs enfants pour des raisons diverses (choix personnel, handicap ou itinérance, par exemple). Les projets seront ensuite exposés lors d’une grande rétrospective à la BNF et un livre sera édité à cette occasion ! D’autre part, nos œuvres (10 par photographe) entreront dans les collections nationales.
Pourquoi vous semble-t-il important de poursuivre ces activités, professionnelles ou non, en plus de votre activité d’enseignante au CE3P ?
Toutes ces activités se nourrissent mutuellement. En restant une professionnelle de la photographie, je reste en éveil et cela me permet de partager mes expériences de photographe avec mes élèves. La photographie est un domaine qui évolue en permanence et il me semble important de ne pas rester sur mes acquis pour pouvoir enseigner à de futurs photographes. J’ai besoin de me nourrir de toutes ces activités, de commandes et de contraintes (avec Atelier Diptik) ou plus libres et artistiques (avec mes projets personnels et la Grande Commande Photographique – Photojournalistes), pour être une bonne enseignante. À l’inverse, les élèves m’apportent beaucoup et me permettent de faire évoluer mon travail, en me challengeant sans cesse et en me permettant de me poser des questions sur mes propres photographies !
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans la photographie ? Quelles sont les qualités requises ?
Je dis souvent à mes élèves de ne pas se ménager : la photo est un milieu difficile, dans lequel il faut être passionné, persévérer, mais aussi avoir confiance en son travail. Beaucoup de jeunes photographes sous-estiment la valeur de leurs images et font des photos gratuitement. Sauf que ce mode de fonctionnement tue le métier : une publication ou une exposition ça se paye, et un photographe – même débutant – a toute la légitimité pour se faire payer ! Dans un univers qui ne cesse d’évoluer, il est aussi important de rester fidèle à soi-même, tout en se nourrissant de photographies pour voir ce qui se fait autour de soi.
Au CE3P, une grande majorité des enseignants et des formateurs exercent une activité professionnelle en lien avec l’image. Notre école de photographie est convaincue de cette impérieuse nécessité de ne pas endosser la seule casquette d’enseignant, même si les qualités pédagogiques restent un atout indispensable pour enseigner leur discipline auprès des différents publics d’élèves.