Au CE3P, Sandrine Elberg enseigne le traitement des images aux élèves de Bac Pro. En dehors de l’école, elle est photographe-auteure, lauréate de prix prestigieux de photographie et son travail artistique autour de la matière et du cosmos est régulièrement exposé… Mais comment ces deux activités s’articulent-t-elles ? Cap sur le parcours singulier d’une artiste visuelle plurielle.
Quel est votre rôle au CE3P ? Quelle matière enseignez-vous ?
Depuis deux ans, j’enseigne le traitement des images numériques aux élèves de Seconde et de Première en Bac Pro Photo, au CE3P. Cette matière est centrale, non seulement parce qu’elle prépare les élèves au baccalauréat, mais aussi et surtout parce qu’elle permet d’acquérir des compétences essentielles pour devenir un professionnel de la photographie. En effet, à l’ère de la photographie numérique, il est devenu indispensable de savoir maîtriser les différentes techniques de retouche afin de sublimer ses images. Dans mon cours, j’apprends aux élèves à utiliser les logiciels professionnels, Photoshop et Lightroom, et à se tenir informés des nouvelles avancées technologiques.
Quel a été votre parcours en lien avec la photographie, avant d’enseigner au CE3P ?
J’ai commencé la photographie très jeune. Bien que mon cursus, à l’université puis aux Beaux Arts, n’ait pas été directement centré sur la photographie, j’ai pu y suivre de nombreux cours théoriques pointus et me former au traitement des images, à un moment où le numérique commençait tout juste à se populariser. J’ai également pu profiter du laboratoire argentique pour apprendre différentes techniques de tirage ainsi que la lithographie, la sérigraphie et la gravure. Ces techniques me servent encore aujourd’hui dans ma pratique professionnelle, qui tourne beaucoup autour de l’image imprimée sur différents supports, comme la pierre, l’aluminium ou la céramique ! En parallèle de ma pratique artistique, j’ai toujours enseigné le traitement des images ou la prise de vue.
Aujourd’hui, que faites-vous en dehors du CE3P ?
En dehors du CE3P, je suis photographe-auteure, c’est-à-dire que je pratique la photographie artistique. Je choisis mes propres sujets, et mon travail a pour vocation d’être exposé dans des galeries, musées, festivals ou autres lieux d’expositions. Si ce sont souvent les lieux eux-mêmes qui me sollicitent, je participe également à des appels à candidatures pour des bourses, des résidences ou des prix photographiques, qui me permettent de vivre de mon art. Il y a peu, j’ai par exemple fait partie des 8 finalistes du prestigieux Prix Swiss Life à 4 mains, pour lequel j’ai imaginé un projet mêlant photographie et musique, en duo avec un compositeur. J’ai également participé à la résidence du Fonds de dotation Verrecchia avec un projet d’impression photographique sur pierre. L’année passée a été très riche donc, cette année, j’aimerais prendre le temps de travailler sur un projet qui me tient particulièrement à cœur : mon quatrième livre, inspiré d’un projet photographique réalisé lors de la résidence Villa Kujoyama au Japon !
Pourquoi vous semble-t-il important de poursuivre ces activités en plus de votre activité d’enseignante au CE3P ?
Mes activités artistiques en dehors de l’école sont très complémentaires de mon métier d’enseignante car elles m’obligent à sans cesse me tenir informée de ce qui se fait en photographie, en me rendant à des expositions notamment. Cette connaissance de la photographie contemporaine me permet d’accompagner les élèves dans leurs projets personnels ou leurs travaux pour l’école. Par exemple, s’ils travaillent sur une affiche, je peux les aider en leur parlant d’artistes dont ils pourraient s’inspirer ! À l’inverse, l’enseignement me permet de renouveler ma pratique personnelle, en me faisant découvrir de nouvelles avancées technologiques (comme l’intelligence artificielle sur Photoshop). C’est donnant-donnant !
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire de la photographie artistique ? Quelles sont les qualités requises ?
Entre la conception des œuvres, la préparation d’expositions, la préparation de dossiers de candidatures… créer des projets photographiques demande beaucoup de temps et de travail. Ce n’est pas un métier facile mais, quand on est dans son élément, c’est très enrichissant ! Il est donc important de ne pas avoir peur de travailler et d’être capable de s’organiser. Pour débuter, je conseillerais de postuler à des festivals, de faire des stages et de s’inscrire à des lectures de portfolios comme celle du festival Circulations, au 104, qui permettent à des jeunes photographes de présenter leurs travaux à des professionnels (agences photo, commissaires d’exposition, directeurs de magazines…) et de recevoir des avis pour s’améliorer. Bref, il faut persévérer !
Au CE3P, une grande majorité des enseignants et des formateurs exercent une activité professionnelle en lien avec l’image. Notre école de photographie est convaincue de cette impérieuse nécessité de ne pas endosser la seule casquette d’enseignant, même si les qualités pédagogiques restent un atout indispensable pour enseigner leur discipline auprès des différents publics d’élèves.